Parcours patrimoine – Vestiges de l’histoire

Parcours patrimoine - Au fil de l'eau

Le centre historique du village regorge d’éléments anciens, traces insoupçonnées d’un riche passé. Nous allons ici parler de ces vestiges de l’histoire qui ont traversé les siècles et sont pour la plupart toujours visibles à La Tour-en-Jarez.

Jusqu’au XVIIIe siècle, il était possible d’observer, en haut de la grande tour du village, une stèle. Celle-ci a peut-être, jadis, été utilisée pour des pratiques cultuelles. Celle-ci était en fait une petite structure en pierre, une sorte de pyramide à base carrée sur un piédestal cubique. Sur chacune de ses quatre faces, on pouvait voir un soleil rayonnant qui n’est pas sans rappeler différentes croyances qui se répandirent en Gaule suite à la conquête romaine. On peut penser au culte à mystères de Mithra qui, venu d’Orient, se développa dans la région au début de notre ère ou à celui d’Hélios : soleil personnifié dans la mythologie gréco-romaine.

D’antiques débris ayant pu servir lors des premiers siècles de notre ère furent trouvés sur la commune à Peymartin, Fontvieille ou encore au plat de l’Orme, dans un puits gallo-romain d’après F. Chaux. Ce sont des poteries, des tuiles à rebord, des moulins à bras en basalte et des lampes qui témoignent d’une occupation très ancienne du site. Une pierre sculptée, peut-être à l’époque gallo-romaine elle aussi, fut utilisée dans la construction d’une bâtisse. On peut la voir en haut du chemin du Goulot.

Au Moyen Âge, le village était fortifié grâce à deux enceintes triangulaires dont le sommet commun se situait juste au-dessus de la tour principale qui surplombait le village depuis son promontoire rocheux, là où se trouve actuellement le Calvaire. On peut aujourd’hui encore observer certains tronçons des remparts : près des deux escaliers qui grimpent sur le rocher du Calvaire puis plus bas au fond d’un potager à l’ouest, tandis qu’à l’est le mur rocheux entre en contact avec le chœur de l’église avant de continuer sa course en contrebas, servant de démarcation entre deux terrains. On peut d’ailleurs ici très aisément deviner le fossé, autrefois présent tout autour de l’enceinte. La fortification sud suivait quant à elle la rue des Terreaux et il est possible que les habitations qui longent celle-ci et forment presque un mur ininterrompu d’est en ouest, constituèrent elles-mêmes le mur d’enceinte. C’est peut-être ici que se trouvait la porte principale qui permettait l’accès à la châtellenie, cependant rien ne prouve de manière certaine qu’une entrée était placée ici. L’enceinte intermédiaire, c’est à dire la base du plus petit triangle, longeait la façade sud de l’église puis la rue de la Merlée. Enfin, trois portes donnant sur l’extérieur ont au moins existé : une au nord, sur le chemin du Calvaire, une au sud-ouest, à l’extrémité de la rue froide et une au sud-est, au pied de la rue des Armuriers. Notons que celle qui relie actuellement l’impasse de la Galiney et la rue des Remparts est bien moins ancienne puisque c’est ici que se trouvait le jardin du curé des siècles durant.

————————————————-

Vous verrez que l’on peut faire un petit voyage dans le temps en suivant le fil de l’eau. On peut par exemple (très difficilement) deviner ce qu’il reste de trois fontaines antiques dans le centre-bourg. Une première se trouvait dans la rue froide, tout près des montées d’escaliers qui se rejoignent, une seconde était placée entre deux ateliers d’armuriers (aujourd’hui des garages) au sommet desdits escaliers. Une troisième, qui servait aussi de puits, se trouvait près de la porte Fabrice, au sud-est de l’enceinte que l’on imagine. Pour voir ce puits-fontaine, il faut regarder à gauche, dans un jardin, en faisant quelques pas vers la place de la Croix.

Les puits sont d’autres vestiges historiques et sont souvent plus visibles. C’est en empruntant un petit passage dans la rue froide que vous pourrez en voir un premier, dans une charmante cour qui cache un escalier en colimaçon du XVIe siècle. Un second, le puits dit « des sœurs » ou « de la colonie » (par rapport aux habitants des lieux au fil des siècles) est encastré dans l’arrière d’un bâtiment, sur le chemin du Calvaire. Désormais couvert, il fait trente-cinq mètres de profondeur et, chose assez particulière, on pouvait puiser de l’eau en son sein de l’intérieur comme de l’extérieur. Par le passé, une grille en châtaignier se trouvait à vingt-cinq mètres de profondeur et lors d’un épisode de descente dans le puits en tonneau dont certains villageois se souviennent, on trouva neuf mètres de gravats empilés sur elle, notamment des fragments de cruches en grès.

Depuis le passage du Château, il est possible de voir, de l’autre côté d’un muret, une pièce en fer située juste au-dessus du toit d’une maison de la rue des armuriers. Celle-ci servait à tenir la cheminée du four à pain de l’ancienne boulangerie-épicerie du village qui se trouvait ici et fut fermée fin 1993. Le bâtiment attenant servait de fagotier et permettait de loger le cheval du boulanger.

Dans le hameau de Feuillatée, à l’est du village, on peut trouver les restes d’un ancien manoir qui fut une halte de chasse du seigneur de Saint-Priest. On raconte que Louis IX, de retour d’une croisade aurait dormi dans celui-ci car il venait trouver le seigneur de Saint-Priest, avant de partir le lendemain pour La Bénisson-Dieu.

————————————————-

Quelques dates, visibles sur les bâtisses du village, peuvent en outre surprendre les promeneurs :
– « 1577 », sur le linteau en bois de la porte d’une ancienne maison, dans la rue des Armuriers ;
– « 16.. », sur une pierre près du sol, dans la rue Froide ;
– « 1877 », sur une porte, rue des Terreaux ;
– « 1975 », dans le passage de la Fontasse.