Parcours patrimoine – Patrimoine religieux

Parcours patrimoine - Au fil de l'eau

Des communautés chrétiennes s’étant développées à Lyon et à Vienne malgré les persécutions romaines, il est probable que le christianisme ait atteint le village lors des premiers siècles de notre ère. On pense aujourd’hui que l’église de La Tour a vu le jour au IXe siècle sous la forme d’une chapelle. Elle dépendait en 1183 de l’abbaye de l’Île-Barbe et était d’abord dédiée à saint Julien de Brioude, né à Vienne au IIIe siècle, puis à saint Georges, né en Asie Mineure au IIe siècle. Elle était alors fort différente de la construction qui se tient devant vous aujourd’hui.

Anciennement, le presbytère se situait à l’emplacement du parvis de l’église et masquait la façade. Une toute petite montée d’escalier, située entre les deux constructions, desservait la porte principale et une galerie couverte, construite sur la face sud de l’église, qui, à son extrémité, conduisait à un petit cimetière (au niveau de ce qui est aujourd’hui la petit place à la fontaine, avant de traverser la grande porte dans les remparts, qui elle n’a rien d’historique et date de la fin du XXe siècle). Cette galerie était connue sous le nom de Galinée, certainement une déformation de « Galilée » ou de « galinasser » (synonyme de « discuter »). Les habitants de La Tour-en-Jarez s’y réunissaient pour traiter de leurs affaires, de leurs litiges ou simplement pour discuter, mais elle servait également de lieu de sépulture. C’était véritablement un haut lieu de la vie Tourangeoise. L’église jouait de fait un rôle central dans le village, et les Tourangeois n’hésitaient pas à accorder d’importantes sommes d’argent à celle-ci, notamment via des prébendes, qui engageaient des familles à léguer une partie de leurs revenus à leurs représentants religieux de génération en génération. On trouvait aussi quatre petites chapelles dans l’église, fondées par différents notables au cours du XVIe siècle.

Certains éléments disparurent lors de travaux ayant eu lieu entre 1829 et 1852 sous l’impulsion du curé Suchet. On construisit alors une voûte à nervures dans la nef centrale et on détruisit une partie du rempart pour bâtir le cœur actuel. La sacristie fut agrandie et on créa deux bas-côtés, au nord et au sud de la nef centrale. C’est un peu plus tard, en 1882 sous le pastorat du curé Beynat, que le clocher roman obtint sa flèche et fut surélevé (la légende raconte que l’on a utilisé la pierre de la stèle mentionnée précédemment).

Dans la seconde moitié du XXe siècle, le chauffage fut installé et les cloches automatisées. Trois de ces dernières portent la date de 1834, mais la plus grande cloche, richement décorée, fut installée en 1542 et est classée monument historique. À partir de 1971, l’église subit de nouvelles rénovations grâce au curé Debrosse. D’abord le maître-autel fut remplacé, on fit faire un ambon (un pupitre), un baptistère et une stèle pour le tabernacle (le meuble qui abrite le ciboire, derrière l’autel). Par la suite (entre novembre 1975 et début 1976) les transformations architecturales eurent lieu : restauration des murs, création d’un plafond avec solivage « à la française » pour retrouver l’apparence que l’église avait avant les modifications du XIXe siècle, démolition de la tribune et du tambour d’entrée, rénovation à l’identique du clocher, réfection de l’éclairage, sonorisation, etc. Le bâtiment n’a pas beaucoup changé depuis.

L’église de La Tour-en-Jarez abrite plusieurs statues anciennes. En entrant, on aperçoit déjà, au dessus du chœur, un Christ en croix, sculpté en bois de pin au XVIIIe siècle, d’une valeur artistique importante. Au bout de la nef latérale droite on trouve un saint Sébastien d’une grande qualité donné à l’église en 1858 et de l’autre côté une vierge à l’enfant dite « aux trois épis » datant du XVIIIe siècle également. Tout près de cette dernière vous pouvez voir une statue de sainte Marie-Madeleine qui date du XVe siècle et est classée monument historique.

  • Les vitraux sont également dignes d’intérêt même s’ils sont plus récents :
    • Dans le cœur, on trouve saint Paul, saint Pierre et saint Jean-Baptiste, réalisés au XIXe siècle par le vitrailliste Mauvernay de Saint-Galmier.
    • Sur le mur nord il y a saint Michel, saint Georges (l’un des saints auquel l’église était jadis dédiée), la Vierge Marie, saint Roch, saint Éloi (qui était entre autres patron des armuriers, cela n’est pas anodin et fait écho aux anciens habitants de La Tour-en-Jarez), Jeanne d’Arc et enfin saint Julien de Brioude (l’autre saint patron de l’église dans le passé). Tous ces vitraux ont été installés suite aux derniers grands travaux de 1975-1976, en même temps que celui de style cubiste à gauche de la porte d’entrée.
    • Enfin, à droite de la porte d’entrée, on peut voir sainte Clotilde, qui a prêté son nom à la paroisse entre 1999 et 2019. Cette œuvre a été installée au début de l’année 2005 et est le résultat d’un effort collectif des habitants. Le vitrail a été réalisé par Suzanne Philidet, vitrailliste de Pélussin, suite à l’appel d’artistes de La Tour.

On peut également voir, en haut de quelques murs et piliers, des culots architecturaux (culs-de-lampe) faisant souvent référence à des familles de notables du village, comme les de Chavannes, les d’Urgel, les de la Vaure ou encore les d’Arlos.

Il est à noter qu’en 1566, un incendie toucha les archives de l’église et fit disparaître la quasi-totalité des documents préservés, limitant considérablement nos connaissances de l’histoire médiévale de l’édifice et de la vie religieuse du village lors d’époques plus ancienne.

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Il existait déjà un calvaire, dont on connaît peu de choses, au XVIIe siècle, puisqu’il est mentionné dans un écrit de 1633. Il s’agissait peut-être de trois simples croix puisque c’est seulement en 1844 que le curé Suchet installa les statues du Christ et des deux larrons crucifiés avec lui. Il ne s’en contenta pas néanmoins puisqu’il plaça également au moins sept autres statues représentant des personnages bibliques :
– Saint Jean l’Évangéliste, à la droite du Christ
– La Sainte Vierge, à sa gauche
– Sainte Marie-Madeleine, qui se trouve aujourd’hui dans l’église
– Saint Gamaliel l’Ancien, scribe célèbre et docteur de la loi
– Saint Joseph d’Arimathie, représenté avec des clés et un glaive à son côté
– Saint Nicodème, représenté avec un suaire

En montant au Calvaire, première rencontre, dans une anfractuosité du rocher, le tombeau du Christ en représentation. Pendant longtemps une lampe à huile a brillé en permanence à son chevet. Face aux statues du Calvaire, une table d’orientation, œuvre d’un artiste local datant de 2001, permet de mieux apprécier la vue exceptionnelle qui s’offre à nous, depuis cet endroit où se trouvait pendant quelques siècles la Grand’Tour de La Tour-en-Jarez.

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Pendant la Seconde Guerre mondiale les Tourangeois émirent le souhait d’ériger une Madone, en l’attente du « bon retour » de leurs camarades. Notre-Dame de Bon Retour fut érigée en 1946 au nord-est de l’église et du calvaire, d’après le modèle d’une autre représentation de la Sainte Vierge, Notre-Dame de l’Espérance, et bénie par le cardinal-archevêque de Lyon Pierre Gerlier. Elle est dédiée notamment aux prisonniers de guerre qui sont tous rentrés vivants et aux déportés originaires du village, dont les noms sont inscrits à l’arrière du socle. Les fonds nécessaires à sa construction proviennent d’une kermesse organisée à cet effet, dont on garde aujourd’hui la trace au travers d’une chanson créee pour l’occasion, qui dresse un portrait satirique des habitants d’alors.

La Madone est célébrée chaque année le jour de l’Assomption et pendant un temps, à cette date, on pouvait voir de longues processions partir de l’église pour aller jusqu’à elle après la messe. L’après-midi, on célébrait les vêpres et le soir il y avait une retraite aux flambeaux. De nos jours c’est une messe en plein air, devant Notre-Dame de Bon Retour, qui a lieu chaque année le 15 août.

Le 5 septembre 1965, la statue fut malheureusement détruite par la foudre. Monsieur Bosramiez, paroissien du village et lauréat du prix de Rome, entreprit d’en sculpter une nouvelle à l’identique et en fit don à la paroisse. Le 15 août suivant, elle fut bénite par l’archiprêtre de Saint-Héand, ainsi les célébrations annuelles ne furent pas empêchées.

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La petite chapelle dédiée à Saint Roch que l’on trouve au bas du village, au lieu-dit « Les Gats », a été construite suite au testament d’une Tourangeoise, Julienne Martin, qui en 1586 souhaitait que chaque année, le jour de la fête des trépassés au lendemain de la Toussaint, une messe y soit célébrée. En réalité, une telle cérémonie eu parfois lieu le 16 août, jour où l’on célèbre Saint Roch, puis ce fut fin août et enfin début septembre de nos jours, mais la tradition s’est maintenue.