Parcours patrimoine – Atelier de l’armurier

Parcours patrimoine - Au fil de l'eau

ATELIER DE L’ARMURIER : reconstitution d’une boutique

L’atelier s’inscrit dans un réseau « Au fil des savoir-faire », qui a pour but la conservation du patrimoine de plusieurs communes de l’est Stéphanois et du Gier : tresses et lacets à La Terrasse-sur-Dorlay, passementerie à Saint-Jean-Bonnefonds, forge à Saint-Martin-la-plaine, patrimoine et mesure à La Talaudière, clouterie à Sorbiers.

Cet atelier est une reconstitution d’un atelier d’armurier implanté sur la commune de la Tour-en-Jarez jusque dans les années 1930.
Les artisans armuriers constituaient avec les paysans les deux activités majeures sur la commune à cette époque, un mémorial sous forme de tableau à l’église l’atteste avec la présence de deux colonnes : une pour les paysans, l’autre pour les armuriers.
Ces deux catégories professionnelles se partageaient les rues du village et vivaient en toute convivialité. Un fusil a été fabriqué à La Tour-en-Jarez en 1913 et offert au pape Léon XIII pour le remercier de la rédaction de son encyclique qui accordait plus de liberté aux paysans et aux armuriers. Ce fusil est en propriété partagée avec la ville de Saint-Etienne, il est exposé au musée d’art et industrie pour des raisons d’assurance.

Les ateliers étaient en général installés en rez-de-jardin et orientés au sud pour une optimisation de la lumière du jour. Il n’y avait pas d’électricité à l’époque et il fallait pouvoir travailler longtemps. Le jardin était cultivé et alimentait les repas de la famille des armuriers car le métier d’armurier ne permettait pas d’importantes rentrées d’argent. Le métier nécessitait de la patience et de la précision, les armuriers de la Tour étaient réputés pour leur savoir-faire et leur grande précision. Le métier était difficile et bruyant. La forge, pour ramollir le métal, rendait l’atmosphère des ateliers chaude et odorante.

————————————————-

Une rue est particulièrement remarquable : la rue des Armuriers, nommée ainsi car plus de dix boutiques y étaient installées sur les vingt-cinq boutiques recensées sur la commune.
Dans cette rue était implantée la boutique de M. Etienne Murat qui a cédé une grande partie de son matériel à la commune de La Tour-en-Jarez. Il travaillait avec son père et son frère, le travail en famille était fréquent comme chez les paysans.
C’est pourquoi l’atelier comporte trois étaux correspondant à trois personnes travaillant ensemble. Un étau est recouvert d’une mordache : élément de plomb qui évite d’endommager les pièces lorsqu’on les travaille.

L’artisan armurier à la tour est spécialisé dans la réalisation des bascules : pièces qui permettent de réaliser l’ouverture et la fermeture du fusil et la percussion des cartouches. Ces bascules étaient fabriquées pour des fusils de chasse. A l’époque, la chasse était une activité répandue.
Les us et coutumes et la guerre ont eu raison de cette activité artisanale sur la commune.
La pièce bascule était reçue brute depuis la fonderie et le travail du basculeur consistait à limer, percer, creuser et attendrir par le feu la pièce afin de pouvoir la placer au cœur du fusil en y insérant différents éléments comme les ressorts et les chiens. Le travail était manuel, les limes étaient réalisées par des femmes au travail plus précis dans les usines de Firminy ou du Chambon-Feugerolles.
Les alésoirs permettaient un travail d’extrême précision.

Dans une boutique on trouvait souvent des boites avec des manches et des bouts de ferrailles susceptibles de donner lieu à une fabrication d’outil. C’est ainsi qu’un outil a pu être réalisé avec un morceau de baïonnette de la Première Guerre mondiale. L’armurier était ingénieux car il avait peu de moyens et l’époque n’incitait pas à la dépense. Le système dit « du violon » ancêtre de la perceuse en est un parfait exemple : un câble de vélo tendu sur un arc en bois permettait d’assurer par frottements une rotation rapide d’une pièce métallique aiguisée qui par pression ventrale réalisait des perçages de trous.
Une lampe Pigeon utile à l’éclairage domestique servait aussi à noircir certaines pièces afin de vérifier les frottements.
Les bascules réalisées étaient acheminées à Saint-Étienne pour équiper un fusil.

————————————————-

vingt-six corps de métiers se succédaient pour fabriquer en totalité un fusil : confection des crosses, des canons, des petites pièces, des gâchettes, gravure, etc. Aujourd’hui un artisan armurier réalise toutes les opérations, des fusils de chasse haut de gamme sont réalisés encore pour les émirats arabes en particulier.