Parcours patrimoine – Histoire de la Tour-en-Jarez

Parcours patrimoine - Au fil de l'eau

Il était une fois une petite colline occupée par une peuplade inconnue. Le site semble propice à se sédentariser, mais pourquoi ? C’est un point culminant qui permet l’observation, la défense ou la fuite car les territoires environnants ne sont pas toujours très sûrs. Il y a de l’eau, des sources, la vie est donc possible dans ces lieux, avec l’élevage et la culture.

Cette population détachée du peuple Éduens est venue se fixer sur cette terre un demi-siècle peut-être avant notre ère. Nous sommes en présence des Gaulois puis des Romains. Au fil des siècles les habitants de cette bourgade s’organisent et les constructions évoluent. On peut imaginer qu’après la période des cabanes rondes coiffées de chaume, l’habitat se transforme en constructions en pierres de schiste trouvées dans le sous-sol et en grès provenant des carrières aux alentours. Le petit bourg prend forme autour de son église et de son escarpement rocheux. Une tour est élevée. Cet ensemble est bientôt le château de la TURREI N JARESIO (à l’orthographe très variable, on en compte plus de vingt-cinq), dont l’enceinte fortifiée, construite suite aux invasions barbares des Xe et XIe siècles, correspond au centre-bourg actuel.

Le château, propriété royale possédée par les Comtes de Forez, est administré par l’intermédiaire des capitaines châtelains issus de la noblesse. Il est mentionné pour la première fois en 1167, alors que le comte de Forez réaffirme son allégeance au roi des Francs. Le fief est très vaste puisque l’abbaye de Valbenoite fondée en 1222 se trouve sur les terres de la châtellenie de La Tour-en-Jarez au XVIIIe siècle.

En 1173, la permutatio, accord entre l’archevêque de Lyon et le comte de Forez mettant un terme à de nombreux conflits territoriaux entre les deux partis, évoque la châtellenie de La Tour afin d’établir une zone où il ne peut y avoir de garnison, (comme un couloir permettant de relier le Lyonnais aux Gorges de la Loire).

Il semblerait que les XIIe et XIIIe siècles virent l’apogée de l’existence de la châtellenie. Avec le temps, le château perdit de son importance. Incendié et détruit, il devint une carrière de pierres que l’on utilisa, entre-autres, à la reconstruction du village.

En 1531, le Forez entra définitivement dans le domaine royal. Au vu des nombreuses pestes, famines et misères qui s’ensuivirent, il semble assez clair que cette centralisation croissante ne fut pas favorable aux Foréziens. Des descriptions assez effroyables se trouvent dans les livres d’Histoire, le petit peuple était exsangue suite aux guerres menées par le roi.

La Révolution de 1789 donna beaucoup de travail aux armuriers tourangeois. Mais le 21 janvier 1815, la municipalité choisit de se réjouir du retour des Bourbons et quelques mois plus tard les réquisitions royales recommencèrent.
L’artisan de la Deuxième République, père du suffrage universel masculin et candidat malheureux à la présidentielle de 1848 Alexandre Ledru-Rollin passa une nuit à Feuillatée où vivaient son oncle et sa tante (les Durand-Badel), lors de sa fuite vers l’Angleterre. Il avait tenté de renverser un gouvernement et risquait la déportation.

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Le 16 avril 1862, la Tour-en-Jarez acquit 984 hectares et environ 700 habitants suite à la modification des limites des communes environnantes. Puis le 5 avril 1884, le hameau de l’Étrat obtint son indépendance vis-à-vis de La Tour-en-Jarez et ne laissa que 500 habitants à cette dernière. Lieu de passage important, la toute nouvelle municipalité stratienne avait pu s’émanciper du contrôle de sa voisine perchée. Il est précisé dans le décret du 8 juillet 1889, que « les édifices et autres immeubles servant à usage public de l’ancienne commune de la Tour-en-Jarret demeureront la propriété de la commune sur le territoire de laquelle ils sont situés », ce qui explique que la mairie, se trouvant probablement auparavant sur le territoire de l’Étrat, fut déplacée pour neuf ans dans une bâtisse située à l’angle entre le passage de la Fontasse et la rue de La Merlée. Il était question de célébrer le centenaire de la Révolution française en érigeant le 14 juillet 1889 une colonne en bronze sur cette petite place mais ce projet ne vit jamais le jour malgré une levée de fonds. Le bâtiment qui accueille l’actuelle mairie date de 1893.

Le monument aux morts du village est composé d’une célèbre sculpture de poilu de Charles Henri-Pourquet, il a été érigé en 1923. Il honore les soldats tourangeois morts lors de la Première Guerre mondiale, ainsi qu’un autre décédé entre lors du second conflit mondial.

L’espace Victor Pialat, véritable centre événementiel du village, tire son nom d’un militaire qui vivait dans la commune. La première version du bâtiment fut construite par des prisonniers allemands, lors de la Seconde Guerre mondiale.

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La population de La Tour-en-Jarez s’est maintenue proche des 500 habitants jusqu’aux années 1970, période à laquelle de nombreux quartiers résidentiels commencèrent à être construits, éloignant géographiquement les habitants du village historique. La croissance démographique semble se stabiliser autour de 1 500 habitants depuis 2010.