Parcours patrimoine – Histoire de l’eau
Les cours d’eaux et les sources du village ont été vitaux pour ses habitants au fil des siècles. Autrefois, l’eau devait essentiellement irriguer les cultures et nourrir les hommes et leurs bêtes. Toutefois, au fil des époques, elle se révéla indispensable dans bien d’autres domaines. L’eau est en effet nécessaire pour cuisiner, nettoyer, se toiletter, pêcher, baptiser, et travailler le métal (comme le faisaient il n’y a pas si longtemps les forgerons tourangeois). Ce sont des usages qui ont cohabité, se sont succédé ou ont évolué avec le temps, au fil des découvertes scientifiques (concernant l’hygiène, notamment) et des innovations technologiques. À La Tour-en-Jarez, les habitants vivaient près des rivières, des sources et construisirent des fontaines, des lavoirs et des puits (jusque dans leurs caves). Ce sont ces sujets que nous allons aborder ici.
Il n’y a pas si longtemps, on pêchait encore dans l’Onzon qui parcourt treize kilomètres entre Saint-Christo-en-Jarez et le coin sud-est du territoire communal où il se jette dans le Furan. Ce dernier et les cours d’eau qui lui sont liés (parfois qualifiés de « petits torrents ») sortaient parfois de leurs lits, c’est pourquoi on inaugurait en 2015 à Sorbiers, là où passe l’Onzon, un dispositif de rétention des crues qui semble efficace. Le ruisseau de Feuillatée, long de trois kilomètres, prend sa source à la Stérie, au nord du village et coule vers le sud avant de rejoindre l’Onzon.
De la même manière mais cette fois-ci non pas au sud et à l’est du village mais plutôt aux extrémités nord et ouest de la commune, on peut voir le Reteux qui est long de cinq kilomètres et prend sa source près du petit hameau de la Pécellière à Saint-Héand. Il converge, entre autres, avec le ruisseau de Grattejambe qui coule à La Tour avant de, lui aussi, rejoindre le Furan à l’Étrat.
Le village historique est situé sur une nappe de micaschistes qui entoure la cuvette houillère de Saint-Étienne. Les micaschistes sont des roches constituées de différents minéraux arrangés en feuillets, propices à la formation de sources souterraines. Ceci explique que l’on trouve plusieurs réserves d’eaux très proches de la surface dans le centre-bourg. La principale se trouve en dessous du clocher de l’église, une autre d’importance sous la troisième maison à gauche lorsque l’on emprunte le petit escalier adjacent au clocher et enfin une dernière se situe sous le presbytère. Une citerne a été installée sous le parvis de l’église pour récupérer les écoulements de celles-ci. Les diverses sources furent utilisées par le passé pour alimenter en eau chaque maison aux alentours. Elles permirent également de créer plusieurs fontaines et puits, dont on parlera davantage lorsque l’on abordera les vestiges de l’histoire, sur un autre panneau.
Vous pouvez toutefois découvrir ici l’histoire de la fontaine de la Pissarotte, telle que la contait F. Chaux au début du XXe siècle :
« Le 26 septembre 1863, un devis estimait à 1.000 francs les travaux à exécuter pour établir une borne-fontaine dans le bourg de la Tour. »
« Considérant que le bourg de la Tour a le besoin réel d’une fontaine établie dans son centre, pour lui éviter l’incommodité bien grave de puiser les eaux dans les fouilles contre le bâtiment indiqué au point C […] Dans ce but, il y a urgence à établir au point C, où la source sort des fondations de la maison, un petit réservoir maçonné imperméable, qui puisse arrêter toutes les infiltrations, ensuite d’aller prendre les eaux dans l’intérieur du presbytère au bassin de la cave par un conduit partant du point souterrain A et se dirigeant au bassin B. De ce point on conduira l’eau à l’angle de la rue au point M, où il sera établi une fontaine dite la « Pissarotte » et assez bas pour recevoir le produit des deux écoulements. »
En 1881, la fontaine M fut transférée au point N, lors de l’établissement d’une borne-fontaine à la Fontasse. À cet effet, une somme de 300 francs fut votée.
M. Durand-Badel, maire, ayant fait analyser cette eau par M. Savolle, les expériences analytiques ont donné les résultats suivants :
« Elle est assez pure et douce ; parmi les éléments chimiques qui la composent, il existe cependant un peu de chaux et des chlorures. C’est à ces derniers qu’est due l’oxydation prompte qu’elle occasionne sur le fer. Je la considère néanmoins comme potable. » »
F. Chaux, Petite monographie de la Tour-en-Jarez (Loire)
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Il existait de nombreux lavoirs particuliers, or nous avons également connaissance de deux lavoirs communaux construits dans la seconde moitié du XIXe siècle. Il existait d’abord celui du Goulot (près du chemin du même nom) qui vit le jour en 1865 sur un terrain offert à la mairie, près du carrefour giratoire qui existe aujourd’hui. Plus tard, celui de Montreynaud fut achevé en 1888 et financé conjointement avec la mairie de Saint-Étienne, grâce à une subvention départementale attribuée à La Tour-en-Jarez. Ce dernier est éponyme de la rue du Lavoir, effectivement située tout près du territoire stéphanois.
Tout près du lavoir du Goulot, on trouve l’allée de la Fontfarasse dont le nom renvoie directement à la Fontfarasse, source d’eau qui avait la réputation d’avoir une très bonne eau et alimentait un abreuvoir pour le bétail.
C’est en 1953 que l’eau de la ville arriva dans le village.
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Le terme « Jarez » ne renvoie pas seulement à l’eau et aujourd’hui à la zone géographique de la vallée du Gier. Ce terme était également le nom d’un archiprêtré du diocèse de Lyon ainsi qu’un titre de noblesse, recherché par les amateurs de particules. Cela explique sans doute en partie le fait que l’on a pu recenser plus de vingt-cinq orthographes différentes pour un seul et même village. Le 23 décembre 1914, un décret (signé par Raymond Poincaré) fixe l’orthographe à « Jarez », l’imposant ainsi aux communes qui utilisaient ce terme dans leur nom avec plus ou moins de constance orthographique (pour Soucieu-en-Jarrest, cette ancienne orthographe serait réapparue vers 1960).